Résultats du Master National du Meilleur Pain au Chocolat – édition 2024
Publié le 31/10/2024
Rassemblons-nous pour promouvoir la boulangerie de demain
Non, la boulangerie artisanale n’est pas morte, mais elle doit évoluer, cette crise nous y oblige. Les boulangers doivent se rassembler pour promouvoir la boulangerie artisanale de demain, pour voir perdurer un modèle de commerce qui maille le territoire et offre quotidiennement à 12 millions de nos compatriotes des produits de qualité qui ont histoire et qui sont le fruit de savoir-faire artisanaux précieux. C’était d’ailleurs l’une des raisons d’être de l’inscription des « savoir-faire artisanaux et de la culture de la baguette de pain » à l’UNESCO.
À court terme, la priorité va à la survie de nos entreprises. Nous devons expliquer la réalité de notre métier, non seulement pour obtenir des aides adaptées de la part des pouvoirs publics, mais aussi pour que nos clients comprennent la nécessité vitale que nous avons d’augmenter le prix de nos produits pour ne pas disparaitre. Sans aide pour faire face à l’envolée spectaculaire de nos coûts de production, sans juste rémunération de notre savoir-faire artisanal, il n’y aura plus 33 000 boulangeries en France demain.
La manifestation spontanée de boulangers qui s’est tenue en début de semaine témoigne, s’il en était encore besoin, de l’immense inquiétude de bon nombre de collègues face à la situation exceptionnelle que traverse notre profession. Après la hausse du coût de nos matières premières et les tensions d’approvisionnement sur certaines d’entre elles ; nous subissons les hausses des coûts de transport, des emballages, des loyers et les hausses difficilement tenables des coûts du gaz et de l’électricité. Il y a encore quelques semaines 80% des boulangeries artisanales n’étaient pas couvertes par le bouclier tarifaire. Nous avons expliqué nos spécificités, le caractère énergétivore de notre métier en particulier avec nos fours pour cuire le pain. Cela a permis d’obtenir du gouvernement des aides mieux adaptées à notre secteur : guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité, amortisseur électricité, report du paiement des impôts et cotisations sociales, résiliation, sans frais, des contrats d’énergie.
Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi que les prix reflètent nos coûts de productions et notre travail…
Il est temps de rappeler la valeur du pain et du travail artisanal !
Pour pérenniser nos entreprises, une revalorisation raisonnable des prix, de l’ordre de 5%, est aujourd’hui indispensable. Le prix de la baguette n’a augmenté que de 23 centimes en 20 ans ; le pain français est celui qui a connu le moins de hausse en Europe. Il est temps de rappeler la valeur du pain et du travail artisanal. Ceci est d’autant plus important que les enseignes de la grande distribution rivalisent d’ingéniosité dans leurs promotions, faisant du pain en général et de la baguette en particulier, un levier pour attirer les Français. Lorsqu’une enseigne propose 5 baguettes pour 1€ (2€50 – 1€50 de bon d’achat, soit 20 centimes la baguette), elle utilise l’image du pain pour attirer le chaland. Mais qui en paie le vrai prix ? Ne nous y trompons pas, ces campagnes marketing ne visent pas à aider nos compatriotes qui pâtissent de l’inflation, mais à gagner des parts de marché avec le risque, au passage, de tuer l’artisanat.
La boulangerie de demain c’est une boulangerie au cœur des enjeux de société. Nous fabriquons « maison », nous formons 29 000 apprentis par an, nous embauchons trois fois plus que les grandes et moyennes surfaces. Nos entreprises sont implantées en France, dans tous les territoires. Nous animons les centres ville, centre bourg et villages de toute la France. Gage de proximité et de lien social, la boulangerie de demain ne transige pas avec la qualité et la spécificité de nos produits ; elle optimise la gestion des matières premières et la consommation de l’énergie, contribue activement à la réduction des emballages ou du plastique.
Il s’agit d’un choix politique mais aussi sociétal. Si elles sont correctement aidées et qu’elles savent évoluer, nos entreprises, locales, artisanales et humaines, ont les atouts pour s’adapter avec succès aux mutations que nous connaissons.
Les périodes de crise appellent un questionnement sur l’avenir que nous souhaitons pour notre profession. Pour perdurer, la boulangerie devra être aidée et évoluer. Il s’agit d’un combat collectif que nous devons porter unis au service de notre profession et de nos clients.
Dominique Anract
Président de la CNBPF